« Je m’y prépare, c’est certain. » En voilà un qui ne fait (presque) pas de mystère : Clément Servat, s’il ne l’annonce pas encore officiellement, sera bien sur la ligne de départ en mars 2026 pour les élections municipales à Oloron-Sainte-Marie. Le conseiller départemental du canton Oloron 2 et membre de l’opposition au Conseil municipal, qui fut aussi adjoint à la jeunesse sous le mandat d’Hervé Lucbéreilh, avait réuni « près de 300 personnes » à Oloron fin janvier, au cours d’une soirée de vœux aux accents municipaux.

« Je m’y prépare parce que j’aime ma ville, je suis passionné par elle. J’y suis né, j’y ai grandi, j’y vis et j’y travaille encore. Quand je rencontre les gens au quotidien, il y en a beaucoup qui m’encouragent et me soutiennent. Il y a, je l’entends, un besoin de changement de la part des Oloronais », s’enthousiasme le futur candidat.

Qui ne se fait pas prier pour étriller la municipalité de Bernard Uthurry. « Il y a une grande inquiétude, parfois de la colère concernant la gestion de la municipalité actuelle », avance-t-il. Pêle-mêle, il dénonce le dépassement du budget de la création du Belvédère de la rue Louis-Barthou, « presque 800 000 euros de surcoût, un scandale » ; le manque d’animations en ville, « il ne faut pas les arrêter, mais les accentuer » ; ou encore les travaux du réseau de chaleur, « les routes sont complètement défoncées, il y aura un coût énorme pour la municipalité à venir ».

Couchinave, le jeune loup

Sur la question de la rue Louis-Barthou, Clément Servat formule déjà un vœu si les Oloronais lui font confiance en 2026 : « Je répondrai aux besoins des commerçants. Ce sont eux qui y vivent, ça n’est pas à nous de leur imposer le fonctionnement et l’animation. Il faut travailler avec eux et les écouter. » Même s’ils demandent la fin de la piétonnisation de la rue ? « J’irai les voir et si la majorité veut la réouverture de la rue aux véhicules, je le ferai, bien sûr. »

Premier caillou dans sa chaussure pour ravir la mairie : Clément Servat aura vraisemblablement un adversaire à droite, dans son camp politique, en la personne d’Hugo Couchinave, le secrétaire départemental du parti Les Républicains. À seulement 25 ans, il occupe le poste de chef de cabinet de Charles Dayot, le maire LR de Mont-de-Marsan, « une ville trois fois plus importante qu’Oloron », précise-t-il, souhaitant mettre cette expérience au service des Oloronais.

« Chacun est libre de se présenter, on fera le point au soir du premier tour »

Hugo Couchinave, qui veut faire du désenclavement d’Oloron, via la déviation Gabarn-Gurmençon, et de la défense de l’hôpital ses priorités, propose aussi de « faire un vrai centre-ville, autour du jardin public », lui qui ne croit pas « à la durabilité du projet de la Friche, où l’on a raté une belle occasion de faire une halle commerçante ». Sur le volet sécuritaire, il entend « augmenter plus fortement les effectifs de la police municipale, pour arriver à une dizaine en fin de mandat. Il faut aussi leur donner les moyens d’agir. Il faut armer la police ».

Lucbéreilh contre Lacrampe : le retour

Ces deux droites seront-elles conciliables en une seule liste ? « J’ai échangé avec Hugo Couchinave, je lui ai tendu la main deux fois il y a plusieurs mois, assure Clément Servat. Chacun est libre de se présenter, on fera le point au soir du premier tour. Une élection municipale, c’est avant tout une compétition projet contre projet. Pour moi, ce sera projet contre bilan, concernant l’équipe sortante. »

L’intéressé répond : « Oui, Clément Servat m’a invité deux fois à des réunions de son association. De là à parler de main tendue… Je ne me retrouve pas dans sa vision des choses, je suis très déçu qu’il ne se soit pas emparé du sujet de la déviation via son mandat au Département. Mais je n’ai rien contre lui personnellement. Je proposerai un projet aux Oloronais avec une équipe renouvelée. »

« Je bataille pour une union de la gauche qui rassemble la Liste citoyenne, les Verts, les communistes et le PS. Je pense qu’on va y arriver »

L’affaire semble entendue. En toile de fond, ce match est aussi une confrontation indirecte entre l’ancien maire Hervé Lucbéreilh, qui a donné son blanc-seing à Hugo Couchinave, et l’ex-président de la Communauté de communes du Haut-Béarn (CCHB), Daniel Lacrampe, le mentor de Clément Servat. Deux droites a priori irréconciliables.

Le vert est-il soluble dans le rose ?

À gauche aussi, cela s’anime en vue des municipales. Mais au contraire des formations précédemment citées, la volonté d’union semble forte parmi les forces de gauche. « Je bataille pour une union de la gauche qui rassemble la Liste citoyenne, les Verts, les communistes et le PS. Je pense qu’on va y arriver », annonce le communiste et conseiller municipal Raymond Villalba.

« Actuellement, tout reste à écrire, pondère le boulanger Sébastien de Truchis, chef de file d’EELV à Oloron. Ce n’est pas mentir que de dire qu’aux dernières élections, l’écologie politique était mieux représentée par la Liste citoyenne, un peu moins par le PC et le PS. » Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis : Liste citoyenne et majorité municipale semblent mieux s’entendre.

Pour sa part, le représentant de la Liste citoyenne au Conseil municipal ainsi qu’à l’interco, Pierre Bahoum, informe que « le 26 mars, nous avons décidé en collectif de rechercher, avec les formations politiques qui partagent suffisamment de proximité avec nous, la possibilité d’un accord préélectoral en vue des élections municipales ».

Le vert sera-t-il soluble dans le rose, et inversement ? Le maire d’Oloron et président de la CCHB, Bernard Uthurry, semble le croire. « Rien n’est définitif, mais l’exercice de ce mandat a montré des points de discussion naturels à développer. On est en train de parler entre nous, on en est aux prémices. » Pourrait-il incarner de nouveau la figure du chef de file ? En a-t-il seulement envie ? « Je ne peux pas y répondre encore. On le dira en temps voulu. »